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Quel avenir pour les instructeurs

w2-pessidous.jpgL’été est la période où les instructeurs sont le plus sollicités, en particulier par les élèves pilotes les plus jeunes et aussi par tous ceux, plus anciens, qui veulent se perfectionner.

Alors que les aéroclubs s’animent jusqu’à des heures tardives, surtout s’il fait beau, curieusement depuis 2 ou 3 ans, à cette période de l’année, un certain nombred’instructeurs font état de difficultés diverses dans leurs relations avec les instances dirigeantes des aéroclubs, difficultés dont l’ANPI reçoit de plus en plus d’échos et en particulier cette année.
Des exemples de ce qui nous est relaté :
– « …tu passes trop de temps aux briefings et débriefings …tu soulèves trop de questions de sécurité ou de réglementation… tu ne voles pas assez alors que les élèves attendent et sont là pour voler… »,

plus surprenant :
– « …tu voles déjà gratuitement et en plus tu réclames des défraiements ! »,
– « …les instructeurs sont là pour faire voler les élèves, ils n’ont pas à se mêler d’autre chose au club… »,
– « … La sécurité des vols, c’est l’affaire du seul Président … ».

D’autres encore font état de comportements inacceptables de certains dirigeants notoirement incompétents mais très imbus de leur autorité. Heureusement que certains présidents, souvent professionnels, savent encore apprécier leurs instructeurs.

Si l’ANPI fait publiquement état de ces « remontées » de plus en plus nombreuses c’est que nombre d’instructeurs nous disent qu’ils vont bientôt arrêter, car ils ne se sentent ni écoutés ni même considérés malgré les responsabilités importantes qu’ils assument et la contribution majeure qu’ils apportent aux aéroclubs.

Chacun sait que les instructeurs sont les acteurs principaux de l’activité aérienne (environ 40% du total), du maintien de la sécurité des vols et aujourd’hui on sait aussi que la survie de nombreux clubs dépend en grande partie de l’engagement des instructeurs bénévoles (# 90%).

Le mécontentement grandissant perçu aujourd’hui chez de nombreux instructeurs a sans doute des causes diverses qui ne sont pas le seul fait des clubs, mais aussi entre autres :
– les exigences tatillonnes, voire injustifiées, de certaines instances régionales de la DGAC pour le maintien des qualifications des FI et FE,
– l’absence de véritable « statut » pour les instructeurs bénévoles qui a pour conséquence de les mettre souvent en position ambiguë entre les exigences des Présidents de Club et les responsabilités spécifiques des FI/FE qui sont imposées par la DGAC.

Enfin, et surtout aujourd’hui pour les bénévoles (# 90 % des FI), l’absence totale de légitimes contreparties, claires et reconnues, à leur engagement au profit des clubs, suscite chez nombre d’entre eux, surtout les plus jeunes, un sentiment d’injustice et de déclassement qui aboutit souvent à une perte de motivation ou à des réactions de prise d’indépendance totale vis-à-vis des structures associatives.

Les nouvelles dispositions de l’EASA concernant les instructeurs, et qui vont prochainement être mise en œuvre, vont provoquer sans doute un clivage entre les FI actuels et les futurs LAFI cantonnés à la seule formation des LAPL et placés sous la tutelle de on se sait qui (DGAC, Fédération ?)

D’autre part, entre ceux qui, selon l’EASA, pourront être rémunérés pour leurs activités (FI) et ceux qui ne le pourront pas (LAFI), la différence de traitement ne va pas faciliter les relations au sein des clubs.

Il n’est pas sûr, non plus, que dans ce contexte la sécurité des vols, déjà à un niveau très inférieur à celui de nos grands voisins européens, puisse s’améliorer.

L’ANPI, forte de la grande expérience que lui donne ses contacts permanents et approfondis (stages FI) avec les instructeurs même parfois non adhérents, n’a pas la prétention de proposer seule aujourd’hui des solutions à ces problèmes qui s’aggravent mais elle tire simplement la sonnette d’alarme.

Si les instructeurs qui sont au cœur de notre système associatif, spécificité française, ne sont pas entendus et un peu mieux considérés au regard des responsabilités qu’ils assument et du rôle qu’ils jouent, on verra surgir, de çi et de là, des initiatives désordonnées qui créeront encore d’avantage d’incompréhension et de troubles au sein des clubs, alors que beaucoup de ces derniers auront déjà beaucoup de mal à se conformer aux nouvelles normes EASA d’habilitation à la formation.

L’ANPI sait aussi qu’elle aura très bientôt elle-même à réfléchir sur de nouvelles orientations pour de nouveaux objectifs, cohérents avec les changements qui s’annoncent pour l’aviation légère.

Peut-être que des F I adhérents plus jeunes et moins marqués par le passé de notre milieu sauront proposer et promouvoir les adaptations qui vont devenir nécessaires pour exercer demain comme instructeur, si on veut que notre aviation légère retrouve son dynamisme, son attrait pour les jeunes, et aussi le plaisir qu’elle peut encore donner à tous les passionnés de l’aviation.

Paris le 15 Août 2010
Roger Pessidous – Président ANPI

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